62.
Les neurones de Lucrèce font du mieux qu’ils peuvent avec le stock de sucres qu’ils trouvent dans les graisses de la jeune fille.
Pour réfléchir et pour gérer sa peur, ils ont besoin de sucres lents, malheureusement, mode des magazines féminins oblige, Lucrèce consomme essentiellement des fibres et des légumes, pratiquement pas de pâtes, encore moins de beurre, de crème, de sucre, toutes ces choses qui ravissent les neurones et leur permettent de bien fonctionner.
Elle ne sait combien d’heures se sont écoulées. Elle a faim. Sa langue clappe dans le vide.
Comment ça fait quand on est fou…
Ne pas penser à ma situation, penser à mon château.
Son imaginaire choisit les lustres pour le petit salon, le grand salon, la salle à manger. Pour les chambres, des appliques ; pour les bureaux, des halogènes. Une grande bibliothèque. Un sauna. Une salle de télévision avec écran géant. Une salle de billard. Une salle de sport avec tout le matériel pour se muscler. Mais arrive un moment où elle ne peut plus ajouter de meubles, sinon l’ensemble serait trop chargé, où elle ne peut plus ajouter de pièces, sinon elle se sentirait perdue dans un trop grand château.
Il manque pourtant quelque chose.
Un homme. Un homme, c’est le complément idéal d’un château.
Un homme, ça réchauffe le lit, ça peut accessoirement offrir des fleurs, faire la vaisselle, vous tenir blottie en regardant la télévision.